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il fut rattrappé, et se voulant deffend , fut tué sur la place.
En ce méme mois, le lieutenant La Haye C1) fut tué en sa maison de la Begaudiere, à une lieue de Poic­tiers, par Saint-Souline et ses gens. Son corps, encor tout chaud, fut mené à Poictiers, et sa teste mise sur le portail Saint Cyprien. Il etoit homme de grande menée, et avoit gagquatre cents gentilshommes prests à prendre les armes pour secouer la tyran­nie qu'ils appelloient, c'est à dire l'obéissance due à leur Rov.
Le samedy 13 d'aoust, fut pendu, puis mis en quartiers, en la place de Greve , Abraham^, se­cretaire du prince de Condé, qui avoit eté pris vou­lant passer en Angleterre, chargé de pacquets et mé­moires,
Le 27, le Roy vint au alais tenir son lit de justice, tout exprès pour gratifier le duc de Loraine son beau-frere de quelques points concernans la souveraineté de Bar (*). Cette gratification n'agréoit pas à la cour, ni
(•0 Le lieutenant La Haye : Jean de La Haye, né gentilhomme, mais sans biens. U épousa une riche veuve qui l'avoit chargé de suivre ses procès au parlement de Paris. Avec la dot de cette dame, il acheta la lieutenance générale de Poitiers, servit d'une manière dis­tinguée au siége que soutint cette ville, et y acquit beaucoup de gloire* Ce service l'ayant rendu plus hardi, il demanda à la Beine une charge de maître des requètes, qu'on lui refusa. Quelque temps après, la charge de président de Poitiers ayant vaqué, il la sollicita, et fut encore refusé. Il résolut de profiter des troubles qui agitoient le pays, pour faire voir qu'on avoit tort de le mépriser. Sa mort fut avouée par Henri iii , comme on le voit dans les lettres-patentes de ce prince, qui sont au volume 87 des manuscrits de Dupuy. — (>) La souveraineté de Bar : Bar n'étoit pas une souveraine, mais un duché mouvant de la couronne, et dont les ducs de Lorraine rendoient hommage au Roi.
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